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71. "Anjar", village refuge des Arméniens contraints de quitter la province du Sandjak près d'Antioche.

En 1938, le rattachement à la Turquie de la province syrienne du Sandjak, est décidé par les grandes puissances en échange de sa neutralité dans la guerre qui couvait en Europe. 

Au niveau local, la cession du Sandjak a pour conséquence l’exode de la quasi-totalité de la population arménienne qui est dirigée dans la plaine de la Bekaa, ainsi qu'aux environs de Beyrouth.

C'est ainsi qu'en 1939, les Arméniens sont évacués à Anjar, un petit village situé dans la plaine de la Bekaa au Liban Ce village d'une superficie de 20 km2 et situé à 900 mètres d’altitude, se trouve à mi-chemin entre Beyrouth et Damas.

Les Autorités françaises y installent, 1205 familles d’Arméniens, originaires des montagnes de Moussa Dagh, (en Syrie). 

Les rangs de cette première vague de réfugiés avaient été grossis par l'arrivée d'Arméniens émigrés de Cilicie. (sud de la Turquie. )

Arrivés sur place, les premiers réfugiés ont dressé des tentes.

D’un commun accord, la première tente servira d’Eglise, la seconde fera office d’école, et les autres seront des logements.

Imaginez sur ces 20 km carrés, dans un champ sec de la Bekaa, à 900 mètres d’altitude, et non loin de la frontière, des bâtisses carrées en béton de 16 m2, construites chacune sur un lopin de terre de 20 m2, attenante à une petite cabane servant de W.C.

Ils ont pu ainsi se créer un foyer simple et modeste. 

Ces logis étaient propres et sains, et les routes construites à angles droits, étaient toujours propres et bien entretenues.

En février 1952, je suis engagé à Air Liban, comme radio navigateur. Je profite de mon premier vol à destination du Koweït sur DC3, pour faire la connaissance à basse altitude d' Anjar, ce village en forme de scorpion.

Nous sommes fin décembre 2021, et je reçois un mail de mon ami Heinz qui m’informe que lui et son épouse Brigitte vont passer le réveillon du nouvel an au Liban.

Le lendemain, nous recevons les deux amoureux chez nous à Val Fleuri, et Heinz nous invite à déjeuner dans un restaurant arménien situé à Anjar. Ce sera leur première visite dans ce village.

A 10:00, nous assistons à la messe dans la grande église située au cœur du village.

Après la messe, le curé nous invite à prendre le café dans le presbytère.

Il nous raconte l’odyssée de ces pauvres émigrés, et toute l’histoire des réfugiés actuellement présents à Anjar: Le départ de leur pays en catastrophe, et leur installation au Liban (alors sous mandat Français), par le gouvernement Français.

C'est avec une certaine fierté qu'il nous apprend qu’actuellement, chaque maison possède soit un instrument de musique, soit un ordinateur. 

Nous avons été admiratifs devant la pugnacité de ces hommes et de ces femmes qui ont entrepris de construire ce petit village et de s'y installer dans de bonnes conditions.

Ainsi, au bout de quelques années, ces minuscules cabanons ont donné naissance à des maisons dignes de ce nom, et le village a pris l'allure d’une petite ville arméno/libanaise.

Le curé continue:

-"En Mai 2022, les habitants d' Anjar seront appelés à voter aux prochaines élections législatives libanaises."

Au sein du village, l'entente des Arméniens entre eux est parfaite. 

Ce village est rattaché à la ville de Zahlé.

Le restaurant "up to date", situé près de la source, a conservé le cachet d'un restaurant de montagne. 

Il est entouré de pins et décoré avec une multitude de fleurs. Il reste assez discret malgré ses 1000 places.

Le personnel, très à l’étiquette, nous reçoit avec le sourire.

Une fois le menu choisi, le garçon transmet la commande à la cuisine, directement par cellulaire.

Quelques minutes plus tard, nous sommes servis avec des spécialités arméniennes.

A l’entrée d'Anjar, on peut admirer les ruines très bien conservées de cette ville fondée par le calife Walid 1er de la dynastie des Omeyyades, au début du VIIIème siècle.

Mercredi prochain....Jean-Pierre Delifer, styliste devant l'Eternel

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