Caroline HAYEK, journaliste au journal L'Orient-Le Jour, a découvert par hasard ce blog lors de recherches sur internet. Les nombreux récits ont inspiré la journaliste qui a entrepris d'écrire un article centré sur le plus ancien lecteur du journal. Elle s'est empressée d'entrer en contact avec Sérop pour organiser un entretien chez lui. L'article est paru lundi 26 juin 2022, en voilà le contenu.
PORTRAIT
Sérop Delifer, un siècle d’histoire(s) libanaise(s)
« L’Orient-Le Jour » est allé à la rencontre de son plus ancien lecteur.
Caroline HAYEK
Le 8 juillet 1924, les premiers feuillets du nouveau journal L’Orient sortent tout chauds des rotatives d’une imprimerie beyrouthine. À 22 ans, Georges Naccache, son cofondateur et rédacteur en chef, mue par sa passion pour l’écriture et la langue de Molière, est pressé de décrypter le nouvel ordre régional né de la chute de l’Empire ottoman, mais aussi de raconter ce « beau désordre » qu’est le Liban. « Nous vous proposons seulement d’être vrais », lance le journal aux lecteurs. Au même moment, à 600 kilomètres de là, Séraphin (Sérop) Delifer, neuf mois, vit encore sur sa terre natale, la Cilicie (ex-province occidentale de l’Empire ottoman). Il n’a que quatre ans lorsqu’il aperçoit pour la première fois les rives de son futur pays d’adoption. En 1927, un bateau en provenance de Mersin mouille au large du port de Beyrouth. Des esquifs font la navette pour récupérer les passagers. Il s’agit là de son premier souvenir de la ville.
À 99 ans aujourd’hui, Sérop Delifer, l’oeil vif et l’esprit sagace, a un don pour raconter des histoires, « 100 % véridiques », tient-il à préciser. ll a connu le dollar à deux livres et demi, a vécu sous le mandat français, a foulé la terre de Palestine, a sillonné la planète, a croisé le chemin de personnalités historiques. Il a aussi connu les drames du pays, la guerre, les départs, la reconstruction, et les crise politique et économique actuelles… Sérop Delifer est le plus ancien abonné de L’Orient-Le Jour. Nous sommes tombés par hasard sur son blog destiné à sa famille, et il a accepté une rencontre pour nous confier d’autres pans de sa vie.
Dans le salon d’un appartement cossu de Broummana dans lequel il reçoit, les portraits de famille et les bibelots, souvenirs de voyages, en disent long sur le personnage. Enfant d’immigré arménien, il n’en revient toujours pas d’avoir eu « autant de chance » dans la vie et d’être propriétaire de cet appartement. « Malgré les moments terribles, je disais à Évelyne qu’on allait toujours se relever », raconte- t-il, les yeux embués, devant celle qui partage ses jours et ses nuits depuis 72 ans. Ces deux compagnons de route, qui se jettent des mots tendres à tout bout de champ, ne font pas leur âge. Jusqu’à l’an denier, ils arpentaient les chemins de randonnée avec les copains. C’est un problème de vertèbres qui a privé définitivement M. Delifer de ses sorties dominicales, véritables cures de jouvence. « À 97 ans, ma femme me suit de très près. Et regardez, elle n’a pas une ride », lance-t-il, un brin taquin. Évelyne Delifer, née Kasparian, d’une famille originaire d’Alep, a de faux airs d’actrice de Marcel Pagnol avec ses grands yeux noirs et sa coiffure rétro. Elle écoute attentivement les aventures de son mari, réagit parfois comme si elle les entendait pour la première fois et, de temps à autre, se risque à ajouter une anecdote. Sérop Delifer s’étonne qu’on puisse s’intéresser au récit de sa vie, pour finalement se prendre au jeu en contant ses périples, ponctués par ce qu’il appelle « la Providence ».
Poussé par ses trois enfants et ses sept petits-enfants éparpillés à travers le monde, le patriarche et doyen de la famille Delifer s’est même amusé à consigner ses Mémoires dans un blog lancé durant le confinement, en novembre 2020, qui commence ainsi : « Mes chers tous, (...) Je souhaite ici vous faire partager mes voyages, mon métier de navigateur, avec ses innombrables aventures, moi qui ai volé dans des Dakota avec 25 passagers et, plus tard, dans des DC 4 et des DC 6. Nos aventures durant la guerre... »
« Je suis à la veille de mon départ. Vous allez m’aider à trouver mes mots parce que je suis très ému quand je me rappelle tout ce que j’ai pu faire dans ma vie », dit-il, entouré de son épouse, de son fils aîné Alain et de sa petite-fille Violaine qui l’appelle affectueusement « daddy ».
Le turc, l’arabe, le français ou l’arménien ?
À Mersin, ville portuaire de Cilicie où se réfugient des dizaines de milliers d’Arméniens après le génocide de 1915, les parents Delifer élèvent leurs cinq enfants (le 6e naîtra au Liban) dans des conditions modestes. Avant de fuir les massacres des Jeunes-Turcs, les Delifer étaient, selon la légende familiale, de grands propriétaires terriens et possédaient notamment la zone d’Incirlik où se trouve aujourd’hui la plus grande base aérienne américaine de Turquie. Jusqu’à ses quatre ans, le petit Sérop ne prononce pas un mot, au grand dam de ses parents. Quand il se met enfin à le faire, sa mère, Augustine, le prévient. « Promets-moi de ne jamais parler l’arménien ou le français. Seulement le turc, sinon, la police te punira, elle coupe les langues. » Sérop en fait des cauchemars la nuit. Il a le droit de jouer avec Issmet, son ami turc, mais doit oublier Hovsep et François. Parce qu’ils ne peuvent plus continuer à vivre sous l’oppression, le père, Sétrak, alors employé de la Banque ottomane, projette de mettre à l’abri les siens à Beyrouth, où des proches sont déjà installés. Ils trouvent un appartement dans le quartier des Pères jésuites où les enfants sont envoyés faire leur scolarité. « Oncle Aris et papa ont pensé qu’à partir de ce moment, (ils avaient) rendez-vous avec le monde et qu’il ne (fallait) plus se montrer sectaires », raconte Sérop Délifer. Six mois après avoir été embauché dans une fabrique de tabac, le père se retrouve sans emploi pour cause de faillite. Sa fille aînée Lily, 15 ans, institutrice précoce, devient le pilier de la famille. À l’école, c’est une autre langue que le jeune garçon de 7 ans doit occulter. Alors qu’il était collé, un surveillant lui fait recopier cent fois « Je ne dois pas parler l’arabe, je dois parler le français. » Nouveau traumatisme. « J’avais toujours peur de me tromper entre le turc, l’arabe, le français et l’arménien. Quelle langue devais-je parler en définitive ? » raconte- t-il.
À la maison, la famille a le nez plongé dans les livres et la musique, on essaie de battre le père au jeu d’échecs et on se délecte de la soupe aux nouilles de la maman. Un dimanche, tout le monde est prié de ne pas quitter la maison. C’est un jour historique : le recensement de toute la population du Liban de 1930. Il n’y en aura pas d’autres.
Sérop découvre avec ses yeux d’enfant et raconte le Beyrouth cosmopolite grouillant de monde, entre les tramways et les portefaix peinant dans les ruelles des souks. Mais un événement va raviver des souvenirs douloureux. Le 7 mai 1934, aux alentours de 4 heures, les enfants sont tirés de leur sommeil. Les Delifer habitent alors près de la place Debbas (actuelle place des Martyrs) et, depuis leurs fenêtres, ils voient les flammes qui ravagent le quartier de la Quarantaine non loin, où de nombreuses familles originaires de Cilicie, victimes des campagnes de déportation sous l’Empire ottoman, ont trouvé refuge. Par crainte que l’incendie n’arrive à leur porte, décision est prise de quitter l’appartement pour se mettre à l’abri au patriarcat arménien-catholique à Achrafieh. Pas question de fuir en bonnet de nuit. On habille les garçons de leurs costumes neufs, on rassemble argent et bijoux. Comme un air de déjà-vu. La maman se revoit fuir Adana en 1915, ville alors en proie aux flammes et à la folie meurtrière des troupes ottomanes. « Il ne faut pas que vous ayez peur. Nous ne sommes pas expulsés de notre appartement comme à Adana. Nous prenons cette décision en toute conscience. Nous ne serons pas poursuivis par l’armée ottomane », explique Sétrak Delifer aux enfants. Près de 90 ans plus tard, Sérop Delifer revoit le visage des femmes, des enfants et des vieillards en fuite, des paquets sous les bras, à la manière des scènes du film Jeux interdits (1952) qui illustre l’exode des populations à l’arrivée des troupes allemandes en France. « Sous mes yeux, j’ai vu passer une femme portant une grosse machine à coudre, ou des hommes qui couraient avec des scies ou des rabots à la main. Quel sang-froid, ce peuple arménien qui voulait sauver ses outils de travail en pensant à l’avenir », raconte-t-il aujourd’hui.
Camp scout à Jérusalem
« Au début de ma vie, je me disais que j’étais une nullité », lâche subitement monsieur Delifer devant le regard attendri des siens. C’est le scoutisme qui va lui permettre de donner « un sens à ma vie » en se mettant au service des autres. Il a 17 ans lorsque le père recteur de l’école lui annonce qu’il est désigné, avec Xavier, son jeune ami français, pour créer une troupe scout dans un quartier défavorisé où vivent des réfugiés syriaques-catholiques. Pour briser la glace avec les gamins qui jouent pieds nus dans des ruelles crasseuses, il apporte un ballon et parvient rapidement à recruter plusieurs dizaines d’adolescents. Mais la famille de Xavier est évacuée en 1941, comme la majorité des français pro-Pétain, et le jeune Sérop doit continuer le projet seul. « Les jeunes ont commencé à parler le français, ils ont réussi à faire des merveilles. Certains sont devenus de grands hommes », raconte-t-il.
Ses aventures scoutes le mènent jusqu’en Palestine où un camp de cinq jours est organisé en 1947. À Jérusalem, il s’émerveille pendant une messe célébrée par l’aumônier de la troupe au Saint-Sépulcre. En revenant d’un autre camp à Chypre quelques mois plus tard, Sérop Delifer, Tristam, un baroudeur français, et Sélim Nafaa (futur ambassadeur), embarqués tous trois sur un voilier, tombent en rade devant le port de Tel Aviv, trois jours après avoir quitté Famagouste. Le cap est alors mis sur Haïfa, mais les trois comparses, qui « sentent le poisson » et ne mangent que « des lentilles et des caroubes » depuis cinq jours, désespèrent. Les Anglais contrôlent la rade et il leur est impossible de descendre à terre. « Ils pensent que nous sommes juifs », se disent les jeunes hommes. À quelques dizaines de mètres, un bateau plein à craquer tente de faire descendre ses passagers en négociant avec les autorités mandataires. À bord, plus de 4 000 rescapés de la Shoah qui hurlent et tentent de sauter sur le quai. Ils seront finalement renvoyés vers Chypre. « Avec nos jumelles, nous avions pu déchiffrer le nom du bateau : Exodus 1947. Nous ne savions pas que nous assistions alors à une scène historique », raconte Sérop Delifer, qui a finalement pu s’extirper du voilier avec ses deux compagnons.
De retour sur la terre ferme libanaise, il s’inscrit à l’Académie libanaise des beaux-arts pour apprendre la peinture sous la houlette de César Gemayel et se fait un copain, « le seul à avoir fréquenté les établissements des pères jésuites et le seul à comprendre (ses) plaisanteries ». Ce jeune en 3e année de génie avait cessé d’aller à l’université et envisageait d’arrêter ses études pour se consacrer à la peinture. « Tu es fou, mon ami, rien ne t’empêche de continuer les deux années qui te restent et d’obtenir le diplôme. Continue ton hobby. Qui sait ce que l’avenir te réserve ? » lui dit alors Sérop. Mais le jeune homme ne change pas d’avis et part à Paris, malgré les réticences de ses parents. « C’était Chafic Abboud ! Il est devenu très célèbre. Il a vécu sa passion sans tenir compte des avis contraires à sa propre conception de la vie », se remémore-t-il. Une toile de l’artiste- peintre se vendra aux enchères à près d’un demi-million de dollars en 2017.Ne sachant trop quoi faire de son avenir, Sérop Delifer suit les conseils d’un ami et apprend la télégraphie sans fil (TSF) de chez lui en moins de trois mois à l’aide d’une petite sonnerie, d’un bouton et d’un dictionnaire de morse. Il passe un concours au ministère des Télécoms, obtient sa licence et jure sur la Bible. « Il fallait prêter serment de ne rien révéler, car nous avions accès aux messages codés du monde entier », raconte-t-il. Dans la petite station radio d’Air France située à Dora dans laquelle il est rapidement embauché, il est chargé de suivre les vols en provenance de Paris, de Saïgon ou de Tananarive. Au fond de lui, il caresse le rêve de voler. C’est à la même époque, soit à la fin de l’année 1950, qu’il se lie à Évelyne Kasparian, rencontrée dans un bus de la jeunesse ouvrière chrétienne. L’entente est immédiate. Ils auront trois enfants, Jocelyne (flûtiste en France), Alain (ancien pilote de la MEA) et Laurent (chef d’entreprise en Suisse). Deux ans plus tard, en 1952, il est engagé en tant que radio navigateur chez Air Liban. « À l’époque, il fallait préparer le vol, connaître le nombre exact de passagers, les bagages et le poids total, et choisir une ligne », raconte-til avec modestie. En réalité, la tâche requiert des connaissances très pointues, comme le maniement d’un sextant parabolique pour se repérer grâce aux étoiles.
Lorsqu’il se met à raconter ses voyages, plus cocasses les uns que les autres, Sérop Delifer semble avoir retrouvé la fougue de ses 30 ans et a les yeux qui brillent. Il raconte le survol de déserts africains sans aucun repère, les escales lors desquelles le kérosène était apporté à dos de chameau ou encore ses vols pour le Koweït dans les années 50. « Je prenais une petite glacière avec moi pour rapporter du poisson ! Et il fallait arriver à temps, le cheikh du Koweït ayant exigé (il n’y avait pas encore d’électricité) que tous les poissons invendus au lever du Soleil soient rejetés à la mer sous peine d’amende », raconte-t-il. Des passagers koweïtiens qui volaient pour la première fois, posaient des questions saugrenues, inquiets de savoir si l’avion bougeait en l’air, s’il donnait envie de vomir…
Grâce au métier de Sérop Delifer qui donne accès à des billets d’avion gratuits, la petite famille voyagera toujours par monts et par vaux. En 1958, il est promu chef et reçoit son troisième galon. Mais un collègue et ami, dont cette promotion reste en travers de la gorge, va jusqu’à interpeller un évêque à Bkerké qui contacte à son tour le président Fouad Chehab au motif que ce poste doit « revenir à un Libanais et non pas à un Arménien ». « Le pilote français qui m’a nommé répondra de manière cinglante en disant que dans l’aviation, on ne peut pas accorder de faveurs, seul le professionnalisme prime. Tout ça pour dire que ce genre de méthode qu’on remarque aujourd’hui n’est pas nouveau », raconte l’ancien navigateur.
La librairie, les voisins, la guerre
Lorsque Air Liban cesse ses activités en 1963 pour fusionner avec la MEA, Sérop Delifer se retrouve sans emploi après plus de 12 000 heures de vol au compteur. Sa femme lui propose d’ouvrir une librairie en bas de chez eux, la librairie Embassy. « On n’y connaissait rien, on a appris le métier grâce aux clients, qui sont devenus des amis, on faisait des ristournes », dit-il le sourire aux lèvres. « Mes parents étaient de grands commerçants à la rue Foch, mais Sérop et moi n’avions pas du tout la bosse du commerce », renchérit Évelyne Delifer. La librairie anime le quartier. Un garçon vient lire, sans jamais acheter, les albums de Tintin ; des voisins empruntent des polars. Les journaux se vendent alors comme des petits pains, dont L’Orient et le Jour, avant leur fusion en 1971. « Je lisais surtout Le Jour parce que Charles Hélou en était le directeur et qu’il passait à la librairie. » Sérop Delifer l’avait rencontré une première fois au collège en 1937. Un jour, il est retenu pour une faute et envoyé dans la « classe des punitions ». Là, un étudiant en classe de philosophie lui intime d’un air très sévère de s’installer à l’écart des autres élèves et de recopier cent fois : « Je dois être correct avec les surveillants. » C’était le futur président de la République.
Six mois après l’ouverture de la librairie, il recroise le directeur de l’aéroport de Beyrouth de l’époque qui lui propose de devenir instructeur au Centre de sécurité de l’Aviation civile. Beyrouth est alors très prisée, et de futurs pilotes et directeurs d’aéroport y sont envoyés du monde entier pour se former.
À la fin des années 1960, le Liban connaît son âge d’or, même si le mythe a été depuis en partie déconstruit. Le pays est sans conteste le phare culturel du Moyen-Orient. Les artistes du monde entier se bousculent pour se produire sur les scènes de la capitale ou de Baalbeck. À l’époque, Jean-Pierre Delifer, le frère de Sérop et benjamin de la famille, raconte ce Beyrouth des artistes et décrypte la mode dans les pages de L’Orient-Le Jour avant de devenir un styliste de renom en travaillant avec les plus grands pour le théâtre et le cinéma. C’est par son entremise que Jocelyne, l’aînée de Sérop et Évelyne Delifer, rencontre le célèbre flûtiste Jean-Pierre Rampal, qui, lors d’une audition rapide, décèle tout son potentiel. Elle est envoyée suivre une formation à Paris.
La guerre civile vient ébranler ce quotidien jusque-là paisible. Les Delifer partent un temps en France en 76. « Nous comptions rester 15 jours. Nous sommes finalement restés deux ans. » Les directeurs de l’ancien navigateur – qui, entre-temps, a passé son brevet de pilote – lui demandent de rentrer à Beyrouth. Devant la librairie, on installe des tonneaux et des sacs de sable. Les habitants du quartier continuent de s’y rendre pendant les accalmies. Il leur faut jongler entre les différents check-points, vivre avec cette peur d’être arrêté, dormir dans l’escalier de la librairie. Un certain Jimmy, journaliste pour le magazine Newsweek, y passe des heures pour écouter les ragots et bavarder avec Sérop devant qui il finit par vider son sac. Il a couvert la guerre du Vietnam et en est revenu avec des démons que les combats au Liban ravivent. Il disparaît un beau jour, emporté par la drogue et l’alcool, sans que le libraire ait pu lui faire ses adieux. Le 7 août 1977, le frère de Sérop, Paul Delifer, alors directeur de l’AFP à Beyrouth, est enlevé avec l’ancien collaborateur de L’OLJ Khalil Fleyhane, par les forces syriennes. « Nous sommes restés une semaine sans nouvelles avant qu’ils ne soient libérés. Une dépêche n’avait pas plu à Damas », raconte-til.
En 1988, Beyrouth est ravagée, et tous les voisins de leur immeuble, rue Atchenak, occupé par des miliciens des Forces libanaises, sont partis. Les enfants sont en France et le couple doit fermer la librairie pour les rejoindre. À la fin de la guerre, ne pouvant se résoudre à vivre loin de leur pays, ils s’installent à Broummana. « Avec l’arrêt des bombardements, nous reprenions une vie normale, tout en essayant d’oublier les nuits passées dans les caves », raconte Sérop Delifer.
Une « vie normale » de retraités ayant bourlingué dans le monde entier, prêts à partir à la (re)découverte en long et en large du pays avec les copains marcheurs. Le 14 février 2005, le couple Delifer roule en direction de l’hôtel Saint-Georges pour aller voir la montgolfière qui y est stationnée. Mais au moment de tourner vers la rade, il s’engage vers la droite par inadvertance et file vers Bourj Hammoud. « Nous remarquons alors que tout le personnel était figé devant la télé qui retransmettait en direct l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri », raconte-t-il.
Sérop Delifer n’aime pas parler de politique et ne veut se souvenir que de ce que le Liban lui a offert de mieux. Lui, qui a tout connu, le mandat, l’indépendance, les plus belles heures du pays puis la guerre civile, l’occupation syrienne et enfin l’effondrement de tout le système, a cru, en octobre 2019, en ce vent de changement soufflé par le soulèvement populaire. Et veut toujours y croire. « J’aime profondément ce pays, mon pays, et malgré ce qu’il a traversé, il s’est toujours relevé », dit-il.
Très émue de lire cet article. Je n'ai pas de mots....
ReplyDeleteMerci Serop, merci Evelyne pour tout le bonheur que vous répandez autour de vous.
C'est une si belle leçon de courage, de volonté, de passion et d'amour....
... et un baume au cœur de chaque libanais.
Avec ma grande reconnaissance pour toutes les amitiés que vous avez tissées et initiées dans le groupe des marcheurs.
A bientôt
Nelly
Très bel article émouvant, sincère et véridique.
ReplyDeleteLongue vie à ce couple authentique
Mireille Eid
Un grand bravo pour cet impressionnant et émouvant reportage de Madame Carole Hayak que je tiens à féliciter de tout coeur aussi pour avoir fait revivre les moments historiques du passé
ReplyDeleteLongue vie à Sérop et Evelyne et leur famille
Jean Fallah
Quelle belle surprise de vous revoir tous les deux en première page du journal !!!
ReplyDeleteJe vous remercie beaucoup de cet envoi qui nous permet de nous rencontrer à nouveau .
Je suis avec inquiétude, les difficultés du Liban, , mon pays de coeur ,les difficultés des libanais et des libanaises …
je vous embrasse tous les deux et vous remercie pour toutes les journées passées ensemble, dans une ’amitié indéfectible dans votre si beau pays qui est resté à jamais dans mon coeur .
Avec toute mon amitié
Carmel
PS : Je vous envoie aussi les pages du journal régional sur mon jardin !!!
Tu ne peux pas savoir cher Serop, la joie et la fierté que j’ai eues à lire cet article ce matin. On sent beaucoup d’amour et d’intérêt dans la façon dont la journaliste te décrit. Elle a fait du bon travail. Il ne te reste plus maintenant qu’à publier ton blog pour faire profiter le plus large public de tes récits savoureux. Baisers affectueux à toi et à Evelyne
ReplyDeleteVivien
Passionnant, on attend le livre
ReplyDeleteTabet Ama
De tout coeur Merci
ReplyDeleteEvelyne et Serop