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69. Le Général Henri Dentz, dernier Pétainiste en poste au Liban

En 1941 la scission entre les Pétainistes et les gaullistes est consommée.

Toutes les familles françaises Pétainistes, doivent quitter le Liban sur un bateau mis à leur disposition pour rejoindre la France.

Les Anglais venant de Jordanie avec des éléments du F. F. L., sont à Damas, et attaquent l’armée française pro-Pétain, dans la Bekaa.

Le général Henri Dentz, nommé par le maréchal Pétain, remplace le général Gabriel Puaux. 

Il est nommé en 1941 au Poste de commandant en chef et Haut Commissaire du Levant. La petite garnison de soldats français basée au Liban sous le commandement du Général Dentz tient tête aux britanniques et aux gaullistes venant de Syrie.

Avec le départ massif des Français souhaitant rejoindre la France, l'État Major français civil à Beyrouth commence à manquer de personnel, surtout de brancardiers à l’hôpital français Maurice Rottier

Pour pallier ce manque de personnel, les autorités françaises font appel aux Scouts Routiers de France.

Ils sont enrôlés comme brancardiers à l’hôpital, jour et nuit, (ils étaient plus de huit, assurant une permanence continue tous les jours, 24 /24 )

Quant aux bureaux administratifs du général, les fonctionnaires français étant absents, les autorités ont recours aux civils libanais, spécialement aux scouts routiers de la 3ème Beyrouth (sur les conseils des Pères Jésuites ).

Le bureau de l'État Major se trouve à l’Ecole de Droit, rue Huvelin.

J’occupais le poste de concierge du bureau principal en permanence. Mon rôle était d'informer le général de l’arrivée des personnalités souhaitant le rencontrer après avoir été autorisées à franchir la grande porte principale gardée par des militaires.

Dès que je m'étais présenté en tenue officielle de scout au Général Dentz, celui-ci, avec un grand sourire, avait accepté de me nommer à ce poste, et m’avait demandé expressément de garder le secret absolu sur les noms de toutes les personnalités officielles qui demandaient à être reçues.

Mon travail commençait à 8:00 du matin.

Le visiteur souhaitant rencontrer le Général était prié de patienter. 

Muni de sa carte de visite, je frappais deux coups à la porte, (comme convenu avec le général) 

J’entrai après y avoir été invité, et présentais la carte de visite du quémandeur.

Dans tous les cas, je revenais vers le visiteur et lui annonçais la décision du général.

A midi, je voyais arriver le portier avec des sandwichs et une cruche d’eau, (les bouteilles en plastique, n'existaient pas encore.) 

Mes parents commençaient à s’inquiéter, surtout qu’à 15 ans à peine, j’occupais un poste à responsabilités dans un secteur militaire, ce qui pouvait se révéler dangereux.

L’après-midi du troisième jour, le général me demande de l’accompagner.

Arrivés à la voiture, stationnée devant l'École de Droit, le kawas Moussa tient la porte ouverte et m'invite à prendre place à gauche du général. 

Gulbenk, photographe et journaliste, fait partie du voyage, et couvre l'évènement.

Nous nous dirigeons vers Damour, et nous arrêtons dans la cour d'une école.

Le général Dentz me demande de le suivre jusqu’au milieu de la cour, où deux détachements de militaires français revenus de la guerre, rendent les honneurs.

Je me tiens près du général lorsque nous entendons les noms des soldats qui se présentent au garde à vous, pour recevoir une médaille qui est épinglée à leur vareuse par le général Dentz lui-même.

A l’aller comme au retour vers Beyrouth, Gulbenk, nous suit. 

Le lendemain, celui-ci me remet deux photos prises pendant l’événement sur lesquelles on peut me voir en compagnie du général.

J’ai cherché de fond en comble dans toute la maison pour retrouver ces 2 photos, hélas, sans succès.

Le général Dentz est rappelé à Paris où il sera jugé coupable de haute trahison et condamné. Il meurt à la prison de Fresnes le 13 décembre 1945.

J’ai appris par la suite, que les brancardiers ayant souhaité obtenir la nationalité française, se l'étaient vu accorder par le consulat Français.

J’aurais tellement voulu avoir ces deux photos pour les présenter au consulat de France, afin de prouver mon concours en temps de guerre à la nation française, et obtenir ainsi la nationalité française!

Peine perdue. Peut être que la providence m’a aidé à perdre ces deux documents, témoignant de ma trahison envers la France, au service du général Dentz.

Mercredi prochain ....Le grand incendie du quartier de la "Quarantaine" à Beyrouth, en 1934.

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