Le 19 février 1980 un Boeing 707 effectue la liaison Beyrouth-Larnaka. Nagy Absi est commandant de bord, assisté du co-pilote Antoine Assouad et du "flight engineer," Alain Delifer.
L’avion est en altitude de croisière. Tout va bien.
A 13:15, la porte du cockpit s’ouvre brutalement.
Alain sursaute et voit un homme à l'air menaçant, muni d'un révolver, bondir à l’intérieur du cockpit en criant TEHERAN, et en plaquant le révolver sur la nuque d' Alain.
Le commandant demande au pirate de garder son sang-froid, lui promettant de l’emmener à Téhéran si toutefois ses réserves de carburant le lui permettent.
L'avion met alors le cap sur l’est, vers Téhéran, alors que sa destination finale était Larnaka (Chypre) à l'ouest.
C’est en survolant Damas vers Téhéran, que le pirate explique le mobile de son geste:
Il demande expressément que l'armée libanaise, absente depuis des années, soit déployée sur tout le Sud-Liban. Le pirate se plaint aussi de la politique actuelle de la part du gouvernement envers le peuple et veut s’adresser à Téhéran à partir de la porte de l’avion, et expliquer au monde entier les conditions de leur vie et celles de toute sa communauté.
"A mesure que le vol se déroulait, raconte Alain le fligth engineer, le pirate donnait des signes de fatigue. Il devenait moins agressif. Il avait écarté un peu son arme et m’avait offert une cigarette. Il nous demandait, nous suppliait presque, de le mener coûte que coûte à Téhéran, afin que là-bas la presse et la télévision le reçoivent à l’aéroport, écoutent ses doléances, et lui offrent une large couverture médiatique".
La tour de contrôle de Beyrouth, s'inquiétant des raisons de notre changement de cap, nous l'informons que nous sommes victimes d'un détournement.
Alain suggère alors, à la tour de contrôle d'informer la BBC ainsi que les radios locales de ce détournement.
La tour de contrôle déroute aussitôt tous les avions à destination de Beyrouth vers Larnaka, et quelques minutes plus tard, nous entendons sur notre fréquence radio, l'annonce de ce détournement par la BBC et par les radios locales.
Le commandant Nagy Absi, utilise alors tout son pouvoir de persuasion, et explique calmement que, faute de carburant, l’avion se poserait en catastrophe, et que tout ce que le pirate aurait gagné, c'était de mettre sa vie ainsi que celle des passagers et de l'équipage en danger, et qu'il ne pourrait par conséquent plus faire part de ses doléances au monde entier.
Se rendant enfin aux arguments de Nagy, d’Antoine et d’Alain, le pirate accepte que l’avion revienne sur Beyrouth, avec la promesse expresse de décoller dès que les réservoirs seraient pleins, pour un vol à destination de Téhéran.
Nouvelle tentative de Nagy qui arrive à le convaincre d'un retour sur Beyrouth, vu que celle-ci est plus propice à une conférence internationale, car il est de notoriété publique que Beyrouth abrite le plus grand nombre de journalistes internationaux.
Le pirate est d’accord. Nagy fait demi tour, avise la tour de contrôle de Beyrouth et demande qu'on lui réserve une réception exceptionnelle.
L’avion se pose à Beyrouth sans encombres sur la piste de Khaldé.
Trois ministres (intérieur, information et travaux publics), se retrouvent à la tour de contrôle, et chacun à son tour essaie de convaincre le pirate de se rendre en voiture V. I. P. afin de faire sa conférence internationale devant toutes les télévisions et radios internationales.
Une fois sa déclaration terminée, le pirate est arrêté.
Pour les débuts d'Alain dans l’aviation, ce fut une expérience inoubliable.
(Alain Delifer m'a apporté son précieux témoignage pour l'élaboration de ce texte)
Koko et Rafy: Excellente histoire comme d'habitude! N'oublions pas le nombre de fois où tu es allé chez Koko pour réparer les petits coups que tu donnais à la voiture, et tu le suppliais de ne pas raconter à Alain, et chaque fois qu'Alain te voyer, tu faisais comme si de rien n'étaient, jusqu'au jour où Alain prit ta voiture et la cogna, il alla chez Koko et le supplia en lui disant "S'il te plaît, ne dis pas à papa." C'est drôle comment les rôles s'inversent. Merci pour ces merveilleuses histoires Daddy, tu donnes du gout à nos mercredi, et on attend avec impatience le reste. À la semaine prochaine.
ReplyDeleteTonton Sérop, c'était en quelle année ? avec toutes les histoires qu'Alain nous raconte sur ses vols, je ne connaissais pas celle là. Il a du courage de continuer.
ReplyDelete