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68. La visite de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, suivie de celle de Moscou.

Durant l'été 2009, Evelyne et moi-même avons décidé de faire partie d'un petit groupe pour visiter la Sainte Russie. Ce voyage était organisé par une agence de tourisme à Beyrouth.


Je ne vais pas relater ici tous les petits inconvénients survenus au départ.


Le vol effectué sur St Pétersbourg après une escale de 6 heures à l'aéroport d'Istanbul a été très fatigant.


Arrivés à minuit à St Pétersbourg, nous avons été pris en charge par un guide (je crois bien qu'il nous parlait en français, mais, je peux me tromper).


Nous avons été à l'hôtel, où après une collation, nous avons commencé à rêver des grands tyrans russes dont nous voulions faire la connaissance le lendemain.


Après le petit-déjeuner, nous avons commencé par la visite des grandes cathédrales et des églises.


Le guide nous a avisés de ne quitter le groupe sous aucun prétexte, surtout la nuit, et de rester toujours bien unis.


Je ne peux pas décrire les merveilles de ces églises, de ces cathédrales. Du jamais vu. Quelle beauté! Quel recueillement, des fidèles toujours debout, quel calme!


J'ai remarqué qu'il y avait toujours un rideau métallique devant l'autel, empêchant ainsi les touristes de trop s'en approcher.


Nous étions obligés de rester debout. Je me suis demandé si c'était pour céder nos places à d'autres touristes, ou alors pour mieux admirer ces beautés uniques. Ou peut-être que c'était l'usage qui le voulait.


Le guide nous a informés qu'après le dîner à l'hôtel, nous devions nous tenir prêts pour aller au Théâtre (une succursale du Bolchoï), assister à des danses folkloriques.


Le lendemain, nous voilà enfin à l'Ermitage. Tellement grand, tellement immense, qu'on risquait de se perdre facilement.

Le guide nous a confié qu'il fallait 28 jours pour admirer tous les trésors qui s'y trouvent. Il ajouta fièrement que c'était plus grand que Versailles.


Il nous a fait comprendre aussi qu'il fallait faire vite et ne pas trop traîner, si nous voulions tout voir.


Je ne comprends pas, de ne pas trop traîner, et si moi, je veux prendre mon temps pour admirer certaines œuvres, me l'auriez vous défendu?


Il a bien compris.


Il me répond


-Niet Niet monsieur, nous avons un programme très chargé, dicté par mon directeur.


Je suis déçu.


Nous avons deux misérables journées consacrées à cette ville pleine de trésors laissés par Ivan le Terrible, l'impératrice Catherine II de Russie, et bien d'autres.... 


J'entends encore le guide me répéter


-Monsieur, Monsieur, il faut faire vite, vite, il y a encore beaucoup de très belles choses à voir.


Quelle merveille cet Ermitage! J'étais furieux de ne pas pouvoir m'attarder pour jouir de toutes ces beautés, mises à notre disposition.


Je reviendrai avec Evelyne seuls à ce musée incroyable, à une autre occasion. Sans guide, juré promis...


Dans la grande salle du musée, je m'arrête, littéralement saisi par l'immense tableau de Rembrandt peint en 1668: "Le retour de l'enfant prodigue".

Je n'ai pu que rester là hypnotisé par l'immensité du sujet.


Je suis happé. Le père serrant dans ses bras son enfant, enfin revenu. Il ne le lâchera pas.


D'ailleurs l'enfant en haillons, redevenu tout petit malgré sa taille, à genoux, contre le sein du Père, tel un bébé contre sa mère. Crâne rasé, en signe de repentance.


Ses pieds! je n'ai pu en détacher les yeux, un pied nu ensanglanté, et l'autre sortant d'une chaussure usée.


Que dire du papa, il prévoyait le retour de son fils, il sentait que son fils allait revenir.


J'étais plongé dans ma contemplation, j'avais perdu la notion du temps.


Tout à coup, je remarque que je suis seul dans cette grande salle. Plus personne.


On m'avait oublié.


Je commence à chercher d'abord à gauche, je vois un long couloir.


Je crie : "Evelyne".


J'entends l'écho, j'attends, personne. Je reviens sur mes pas, je prends le couloir de droite, en espérant retrouver le groupe, toujours rien.


Je décide de retourner à mon point de départ, impossible de retrouver la salle du tableau de Rembrandt.


Un banc, je m'assieds. C'est la seule solution. Evelyne a du remarquer mon absence.


Au bout de trente minutes, le groupe m'aperçoit.


Enfin, il était temps.


Le lendemain matin, nous prenons un gros bateau pour continuer notre tournée à Moscou.


Il fait beau, nous avons de la chance. La navigation sur le fleuve est très agréable. Entre les deux rives, nous contemplons la vie paysanne avec ses maisons traditionnelles en bois. Ce spectacle nous enchante.


Nous sommes ravis de voir les enfants russes courir entre leurs isbas, de nous faire des signaux, et de chanter en nous saluant.


Le bateau s'approche de la rive, s'arrête, et le capitaine nous informe que nous pouvons descendre pour visiter la cathédrale située à 100 m. vers l'intérieur.

L'imposante cathédrale surmontée de 22 dômes dans l'île de Kiji, construite tout en bois sans aucun rivet. A l'intérieur immense, règne un silence monacal.


Nous sommes surpris par la sensation spirituelle qui se dégage de ce silence qui incite à la prière, à la prise de conscience....


De retour sur le bateau, nous déjeunons d'un bon repas préparé par le cuisinier, suivi d'un bref repos. Et nous accostons au port de Moscou.


Moscou, capitale de la grande Sainte Russie chrétienne.

Le Kremlin, la place rouge, et sa cathédrale de St Basile le Bienheureux.


Avant le départ de Beyrouth, des amis m'avaient recommandé de ne surtout pas oublier de visiter le métro de Moscou.


Pour cette visite historique, le guide augmente le nombre à cinq de nos protecteurs.


Nous entrons dans ce souterrain inimaginable, Enorme, grandiose, plein de monde, des moscovites par centaines, des touristes par milliers, certains se bousculant pour attraper leur train. Un père de famille, avec une carte touristique à la main, avec toute sa smalah, m'arrête pour me demander en Russe le chemin vers leur train.


Quel spectacle ahurissant!

Staline, dans sa grande sagesse et sa bonté envers son peuple, a voulu instaurer des musées dans les stations de métro, permettant ainsi à son peuple d'admirer les beautés des sculptures, des tableaux de maître, gratuitement. Quelle gentillesse remarquable!


En quittant le métro, notre guide compte et recompte le nombre de ses protégés.


Je lui demande à tout hasard ce qui serait advenu si l'un des touristes de son groupe se serait perdu dans ce monde irréel du métro.


-C'est simple Monsieur, c'est tout droit la Sibérie escorté par la police soviétique.


Je vous souhaite bon retour et bon voyage, et merci pour votre générosité.


Mes remerciements à ma cousine  Marie-Françoise pour sa collaboration à ce blog.

Mercredi prochain...Le général Dentz, le dernier ami de Pétain.

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