59. Le soleil a rendez-vous avec la lune

Une après midi d’Août, Victor Sauma, le président du groupe de marcheurs: "Le Liban A Petits Pas", organisa une sortie de nuit, vers les sommets de Ouyoun el Semaan. Il nous invita à y participer.

Nous étions une douzaine de marcheurs intrépides, qui avions accepté de l'accompagner. Evelyne faisait partie du groupe

Vers 17:00, nous arrivons au grand parking au pied des pistes de ski, à Faraya, où nous nous garons. 

Il est connu qu'au mois d’Août, la lune se lève à l’Est en toute fin d’après midi, au moment même où le soleil se couche à l'Ouest.

Bien couverts, nous commençons à grimper pour atteindre le sommet, avant le coucher du soleil.

Après avoir cheminé pendant deux heures, nous atteignons le sommet. 

La vue est panoramique. 360 degrés à la ronde. Nous en avons le souffle coupé. C'est une vue féérique.

Le soleil commence à baisser à l’horizon, et les lumières de Beyrouth se mettent à scintiller.

Il ne reste que quelques minutes au soleil avant de disparaître à l‘horizon.

Nous sommes silencieux, recueillis, en admirant le soleil dans sa lente chute dans l'eau à l’Ouest. La vue de la côte de Beyrouth, sur la mer Méditerranée, est unique, et la ville est superbe avec les lampes des boulevards qui commencent à briller.

On peut voir les deux astres simultanément. L’un disparaître et laisser la place à l’autre. La lune restera elle, bien visible toute la nuit.

A l’Est, la vallée de la Bekaa, encastrée entre l’Anti Liban, et la montagne libanaise, offre une vue unique, en direction des collines lumineuses dont les maisons villageoises, s’allument petit à petit.

On dirait un arbre de Noël étendu au-dessus de toute la vallée verte de la Bekaa.

Quelle merveille! La vue depuis la cime est unique.

Ce paysage est sensationnel. C'est alors que les amis poussent un cri: ils ont vu à l’Est, sur le sommet des collines de l’Anti Liban en direction de la Syrie, la lune se lever. 

Je me retourne et je regarde en retenant mon souffle. Je suis saisi. 

Au sommet, la lune, énorme, apparaît, bien ronde, d'une couleur un peu jaunâtre.

Nous sommes tous hypnotisés.

Il faut avoir vu ce spectacle pour comprendre la sensation qu’on éprouve en voyant ces deux astres, l’un, disparaître à l’Ouest et l’autre apparaître à l’Est, qui monte petit à petit vers le ciel. C’est magique.

Le froid commence à se faire sentir. Heureusement que nous étions prévenus. Nous sortons nos pulls de nos sacs. Il était temps car il fait un froid glacial.

Evelyne, prévoyante comme à son habitude, avait pensé à apporter du soudjouk  (saucisson arménien ) découpé en tranches fines, qu'elle a fait cuire sur le camping gaz, ainsi que du pain.

La bonne odeur de viande grillée aidant, nous entourons Evelyne affamés et impatients, et la remercions de tout cœur, en attendant chacun notre tour. Quelle bonne idée elle a eue! merci Evelyne.

Un des marcheurs avait eu l’idée d’apporter du vin. C’était le summum.

Et chacun de nous, faisant partie du cercle, avons savouré notre petit sandwich, heureux de cet instant unique.

(En parcourant ce texte, Evelyne me confie, qu’elle se rappelle de cette nuit inoubliable, et qu’elle n’a même pas pu goûter au soudjouk, mais heureuse de se souvenir que tous étaient ravis de cette surprise.)

Après avoir bu notre verre de vin, nous avons admiré la trajectoire de la lune sur le firmament étoilé. Nous sommes restés silencieux, en pleine méditation.

Je me suis souvenu alors de cette scène de la Transfiguration de Jésus dans les Évangiles, où St Pierre s’adressant au Christ sur le Mont Thabor, lui dit:

"Seigneur il fait bon ici, pourquoi ne dresserions-nous pas trois tentes?"

Mercredi prochain.....Villégiature à Aley