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47. Je me souviens de ce concert à la Scala de Milan

Un ami pilote Italien, à qui je faisais part de ma grande envie de visiter l’Italie à peu de frais, m’encouragea à suivre ses conseils.

Cet ami me dessina un itinéraire du nord au sud de l’Italie, avec une multitude de détails, pour m’expliquer comment m’y prendre, afin de minimiser les frais et de visiter l’Italie avec un petit budget.

Je le pris au mot, et nous voilà arrivés un matin à Milan, profitant du vol de nuit de la LIA.

N’oubliez jamais de privilégier autant que possible les voyages de nuit. Vous dormirez dans le train ou l'avion, et profiterez ainsi de la journée pour visiter les sites. Vous y gagnerez beaucoup.

A notre arrivée, nous quittons l’aéroport de Milan pour nous rendre à l’hôtel recommandé par mon ami italien. Après une bonne douche, nous nous dirigeons à pied vers le point de départ du petit train qui grimpe vers le Lac de Côme, comme c'était prévu au programme. 

Quelle merveille de visiter ce lac pendant quelques heures, puis de casser la croûte. J’avais bien envie de faire la sieste. 

Vers 15:00, nous quittons le Lac, et sommes de retour à l'hôtel, pour visiter la cathédrale de Milan de nuit.

A la station d’arrivée, nous nous dirigeons à pied vers notre hôtel, lorsque je remarque que notre itinéraire passe devant la Scala de Milan, où est programmée une représentation de "Parsifal "de Richard Wagner.

-"Evelyne, c’est une occasion unique, nous sommes devant la Scala, il faut absolument que nous assistions à cet opéra. Demain nous serons partis, tu t’imagines! La Scala de Milan!"

J’achète les 2 billets, nous passons prendre une douche à l’hôtel, nous grignotons des biscuits, (volés dans l’avion, idée de mon ami Italien ), et vers 20h00 nous voilà confortablement installés dans un fauteuil de velours rouge, très, doux et caressant. Quelques minutes plus tard, les lumières s’éteignent, le rideau se lève, la scène s’allume sur une lumière vert de gris, et quatre vieux prêtres de grande taille, avec des barbes blanches énormes, des tuniques grisâtres touchant le sol commencent à chanter avec des voix graves de baryton…

"Sérop, lève toi, c’est honteux, Sérop tu dors."

J’entends la voix d’Evelyne, pourquoi m’appelle-t-elle?

J’entends aussi des chuchotements autour de moi, des jurons en Italien. Puis je me rendors. Impossible de bouger, et de partir. Une heure plus tard, c’est l’entracte. 

Evelyne, à mes côtés, essayait de calmer les Italiens amoureux de Wagner. Il paraît que je ronflais de plus belle. Moi, j’étais heureux, je faisais de beaux rêves.

Enfin l’entracte, nous sortons, sous les injures et les blasphèmes, heureusement en Italien. Nos places se trouvaient au milieu de la rangée. Pour sortir, il fallait que pas moins de dix personnes se lèvent pour nous libérer. Dans le hall, je remarque une grande affiche "PARSIFAL", de Richard Wagner. J’ai compris.

Nous retrouvons notre hôtel, très fatigués. 

Le lendemain matin, nous allons au Restauranti et nous demandons des Cappuccino et le Cornetto… un bon gueuleton. Je décide de changer le programme pré-établi de mon ami. Avec l'accord d'Evelyne, Je déchire le programme imaginé par cet imbécile, et nous continuons notre croisière, jusqu’à Rome, selon MON PROGRAMME, je ne veux pas rater cette première croisière, la première depuis notre mariage.

Le lendemain, nous commençons notre journée par la visite de la Cathédrale de Milan. C’était le début de notre émerveillement devant tous ces innombrables chefs-d'œuvre.

De Milan, nous prenons le train pour Bologne, arrêt obligatoire (sur la proposition de mon ami Italien ) pour déguster le plat traditionnel de cette ville: les tagliatelle al ragu

L’ami italien avait mille fois raison.

Après Florence, Venise, (où nous visitons le couvent des Arméniens situé sur l'île Saint Lazare), puis, Rome. Il faudrait des pages pour décrire toutes ces merveilles. 

A Naples, on nous encourage à aller visiter la "Grotta Azzurra" juste face au port. Une visite incontournable, à ne pas rater.

Nous fixons un prix avec le batelier.

A la Grotta Azzura, nous sommes les seuls touristes. Arrivés à l’intérieur, le batelier nous invite à marcher sur une petite plage de sable fin. 

Nous marchons sur le sable, lorsque je remarque que le capitaine du bateau remet le moteur en marche, sans nous emmener, avec l’intention de retourner au port. Nous sommes absolument seuls. Je crie, il s’arrête, et je lui demande la raison pour ne pas nous embarquer pour le retour, 

"Signor, Nous n’avons pas parlé pour le retour, Pour le retour, le prix est le double de l’Aller."

Inutile de discuter, il ne comprenait pas les insultes françaises, turques, et moi, pas un mot d’Italien. Nous étions tous seuls dans cette grande Grotta. 

Arrivés au port de Napoli, Nous avons remercié le capitaine de cette gentillesse, à notre façon libanaise, il sourit, en souhaitant bon retour. Je crois qu’il ne nous comprenait pas.

Je recommande à tous les amis, si l’occasion se présente, de négocier le prix du trajet, Aller/Retour avec le batelier.

Notre visite prend fin, nous quittons Rome, à 11h00, avec la MEA. 

Une des plus belles croisières, ensemble, avec Evelyne. Inoubliable. Quand on se rappelle de cette aventure, ce sont des éclats de rires sans fin.

Entre nous soit dit: Heureusement que j’avais pris ma carte bancaire.

Mercredi prochain…En 1974, j’ai été arrêté par des Mourabitouns (militants armés)

Comments

  1. Serop, je me marre moi aussi en lisant tes aventures! C'est une vraie machine à remonter le temps.
    Une suggestion: pourquoi ne pas mettre la date à laquelle se passe chacun de ces épisodes?
    Car je me demandais s'il existait des cartes bancaires à cette époque? ou c'était plutôt des Travellers chèques?

    ReplyDelete
  2. Alors tu vas a la Scala de Milan pour ronfler

    ReplyDelete

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