Skip to main content

36. Je me souviens de… Les cuillers de l’Hôtel Carlton

Nous sommes le 23 Mai 1955. A l’occasion du 25ème anniversaire du Cercle de la Jeunesse Catholique, son Président, Charles Hélou, nous invite ainsi que mon frère Paul et sa femme, Virginie à une soirée à l’hôtel Carlton.

Dans le grand salon illuminé, tous les invités sont en grande tenue, l'ambiance est chaleureuse, et l’orchestre parfait etc… 

A cette époque, je fumais beaucoup. J’avais un briquet en or qu'un ami m'avait offert.

A un moment, nous nous sommes dirigés vers la piste de danse, l’ambiance était agréable.

A la fin d'une danse, lorsque je reviens à ma place, je remarque que mon briquet, malencontreusement laissé sur la table, s'était volatilisé. Qui avait bien pu le subtiliser? Cela pouvait être n’importe qui, du simple serveur, au plus éminent des membres présents.

J’étais furieux, je tremblais d’énervement je tenais serrée dans la main de toutes mes forces, de peur de trembler, la cuillère à soupe en argent qui était sur la table. J’étais hors de moi, quand sans réfléchir, je la mets dans la poche intérieure de ma veste. Sur le manche était gravé CHB (Carlton Hotel, Beirut),des initiales de l’hôtel Carlton. Evelyne remarque mon geste, elle prend sa cuiller et la met aussi dans ma poche. C’était la première fois qu’une telle chose nous arrivait.

Cuiller gravée des initiales du Carlton Hotel Beirut

Une tombola était organisée pour les œuvres du Cercle, le gros lot étant une voiture française offerte, par Jacques Caporal, le concessionnaire Citroën au Liban. 

Vers une heure du matin, nous quittons le salon. Arrivés à l’entrée, la voiture de la marque Citroën offerte au Cercle par les concessionnaires "Caporal et Moretti" était exposée. Je connaissais bien Jacques Caporal. Il nous arrête, se met à faire l’éloge de l’intérieur de la voiture, et invite Evelyne et Virginie à s’asseoir, pour qu'elles puissent apprécier la qualité des sièges. Il nous prend à part Paul et moi et ouvre le capot, pour nous montrer le moteur dernier cri. Il me dit de me pencher plus en avant pour mieux apprécier les dernières innovations technologiques, lorsque les deux cuillers volées qui se trouvaient dans la poche intérieure de ma veste, tombent sur le moteur en faisant ding-ding.

Mine de rien, je prends les 2 cuillers et les remet dans ma poche, comme si de rien n'était, et nous continuons à admirer le moteur. Evelyne en tenue de bal, à côté de la Citroën

Nous félicitons Jacques, et après lui avoir exprimé notre projet pour un achat futur, nous quittons l’hôtel.

La Compagnie Air Liban avait commencé ses vols en Afrique. Le règlement aéronautique exigeait que pour les vols au-dessus des déserts et des océans, un navigateur qualifié, sachant bien utiliser le sextant périscopique, soit à bord. A cet effet, elle avait engagé un anglais, Mike Steer, ancien navigateur à la B.O.A.C, pour qu'il forme le personnel qualifié à l'utilisation de cet outil très utile pour la "navigation aux instruments".

Mike avait trouvé à se loger à Kaslik, qui se trouve à 20 km de Beyrouth. Il avait donc besoin d’un moyen de locomotion. Il se rend alors chez Citroën pour acquérir une voiture. Il y est reçu par Jacques Caporal. Ils se mettent très vite d'accord pour l'acquisition d'une voiture avec un paiement à crédit, à condition de présenter un garant. "Connaissez-vous quelqu’un qui peut se porter caution pour vous?" lui demande le vendeur. "Oui, je connais bien Mr. Delifer d’Air Liban, "répond Mike, et Jacques Caporal de dire: "Ah, le voleur de cuillers? C'est d’accord, vous pouvez choisir la couleur qui vous convient".

Mercredi prochain....A la découverte de "Tananarive".

Comments

Post a Comment

Popular posts from this blog

78. TEMOIGNAGES DE NOS LECTEURS

"Merci cher Tonton de ces magnifiques témoignages et souvenirs. Je me souviens de vos week-ends à Baabdat chez nous aux temps heureux . Je me souviens de la librairie où je venais découvrir les livres. Je me souviens des pique-niques au retour du ski dans les montagnes généreuses du Liban que tu as su si bien décrire. Sais-tu qu’avec ton patronyme DELIFER on peut faire une belle anagramme ? Oui, nous avons vu DEFILER les souvenirs heureux ou tristes qui resteront dans nos cœurs." Monique et Jean-François Devedjian-Patin

76. HORS SERIE - Sérop Delifer, un siècle d’histoire(s) libanaise(s) [extrait de L'Orient-Le Jour]

Caroline HAYEK, journaliste au journal L'Orient-Le Jour, a découvert par hasard ce blog lors de recherches sur internet. Les nombreux récits ont inspiré la journaliste qui a entrepris d'écrire un article centré sur le plus ancien lecteur du journal. Elle s'est empressée d'entrer en contact avec Sérop pour organiser un entretien chez lui. L'article est paru lundi 26 juin 2022 , en voilà le contenu. PORTRAIT Sérop Delifer, un siècle d’histoire(s) libanaise(s) « L’Orient-Le Jour » est allé à la rencontre de son plus ancien lecteur. Caroline HAYEK Le 8 juillet 1924, les premiers feuillets du nouveau journal L’Orient sortent tout chauds des rotatives d’une imprimerie beyrouthine. À 22 ans, Georges Naccache, son cofondateur et rédacteur en chef, mue par sa passion pour l’écriture et la langue de Molière, est pressé de décrypter le nouvel ordre régional né de la chute de l’Empire ottoman, mais aussi de raconter ce « beau désordre » qu’est le Liban. « Nous vous proposons se

77. La robe de baptême

Nous sommes en 1925. Sitt Nazira Kasparian, la maman d'Evelyne, est assise dans la cour de la maison, et rêve en apportant la dernière touche à une robe en satin blanc qui servira de robe de baptême. Un garçon ? Une fille ? Peu importe, pourvu que le bébé soit en bonne santé.  Sa naissance est imminente.  « Il faut que je me dépêche de terminer cette robe. Je veux qu'elle soit prête à temps afin que tous les invités puissent l'admirer lors du grand jour » pense t-elle. La sage femme est formelle, l’arrivée tant attendue est prévue dans une semaine. « C'est une fille !  Elle s’appellera Evelyne, et cette robe que j’ai cousue avec tant d'amour lui ira à merveille pour célébrer son baptême » jubile sitt Nazira. Evelyne gardera précieusement cette robe pendant des années. Celle-ci servira lors des baptêmes de plusieurs générations de bébés de la famille. Nous sommes en 2022, le 25 février, Evelyne vient d’apprendre la naissance de la petite Max, fille d’Alicia et de F