La villa de Lynn et Laurent se trouve à 15 kilomètres d'Annecy. Comme tous les ans, Laurent avait mis sa B.M.W à notre disposition pour nos déplacements.
Ce matin, à la fin de notre séjour annuel de deux mois, nous sommes prêts à quitter la villa à 6:30.
Nous devions nous rendre à Genève, pour rendre la voiture à Laurent et embarquer sur le vol de 10:00 de la M. E. A. vers Beyrouth.
Nous descendons au garage pour charger toutes les valises dans le coffre.
J'actionne la télécommande pour ouvrir la grande porte du garage, je mets le moteur en marche et j’avance à faible allure pour sortir. A mi-chemin, entre l’intérieur et l'extérieur du garage, la voiture pile. Je suis bloqué.
Impossible de remettre le moteur en marche. C’est la panique. J’ai oublié de charger mon cellulaire pour contacter Laurent. Je ne connais aucun garage aux environs. Je pense alors à l’unique voisin qui se trouve à 20 mètres, de l'autre côté de la rue une petite Peugeot est garée devant sa porte.
Devant cette situation critique, je suis obligé d’aller lui demander de l'aide.
C'était notre seul voisin, mais je ne l'avais jamais vu, ni fait sa connaissance. Aucun nom n'était inscrit sur sa porte. Je sonne, avec beaucoup d'hésitation.
Un monsieur m'ouvre, en pyjama, encore à moitié tout ensommeillé. Je me présente et lui dis que je suis son voisin. Il me répond en disant qu’il me connaît. Je lui explique alors mon problème, et lui demande s'il peut m'aider.
Il me suit et examine la voiture. Sans dire un mot, il repart chez lui, et revient avec un grand sac plein d’outils. Il m'annonce alors:
"Monsieur, il s'agit d' un problème électrique. Vous avez de la chance, car je suis chef électricien chez Peugeot."
Comment des miracles pareils peuvent-ils se produire?
Comment le remercier? L'année suivante, nous voilà de retour à Annecy, comme chaque année, chez Lynn et Laurent, avec dans notre valise, un grand sac de pistaches d’Alep spécialement acheté pour notre cher voisin. Il a été très étonné, car il avait oublié l’incident.
Ouf, nous l'avions échappé belle. Une heure plus tard, nous arrivions à Genève.
Après le petit déjeuner, Lynn et Laurent nous accompagnent en 2 voitures à l’aéroport de Genève. Laurent ayant un rendez-vous, est contraint de nous quitter.
A notre interrogation quant aux possibilités d'avoir des places sur l’avion de Beyrouth, l’agent de la M. E. A m’informe que nous avons de la chance, juste les 2 dernières places disponibles, réservées pour vous. (Façon de parler.)
Étant les parents d’Alain, pilote à la M. E. A, nous avions droit à une place gratuite par an et par personne. Au cas où un passager avec billet payant, se présenterait, il aurait la priorité. Nous serions alors dans l'obligation de lui céder les places. C’est normal,
Lynn avait tenu à rester avec nous jusqu’au départ de l’avion.
Quand l’appel de départ est annoncé, tout est O.K., Nous faisons nos adieux à Lynn, et nous dirigeons vers l’avion.
Les premiers passagers empruntent l’escalier, nous attendons notre tour. A peine après avoir posé le pied sur la première marche de l’escalier, l’agent de la M. E. A avec son téléphone portable collé à l’oreille, me dit qu'on vient de l'informer à l’instant, de l’arrivée de deux passagers à bord d' Air Canada qui doivent se rendre à Beyrouth (En effet je remarque un avion de cette compagnie qui se pose). Il est vraiment désolé.
Ceci se dit en bon Français : C’est vraiment pas de chance. On ne peut que s'incliner.
L’agent s’excuse et me dit de retourner dans la salle des Arrivées pour récupérer nos valises,
"Mr. Delifer, je vous attends demain, les chances seront plus grandes."
Nous obéissons et nous nous dirigeons vers le salon des Arrivées.
Il a fallu attendre 2 h 45 avant de récupérer nos valises. Nous étions claqués, fatigués et fâchés d’avoir raté le voyage à 1 ou 2 minutes près.
"Contre mauvaise fortune, bon Cœur" et je m’adresse à la Providence, en lui disant, Tu nous as oubliés aujourd’hui.
Elle me répond:
"Ce n’est pas gentil, Sérop, tu as oublié le chef électricien de chez Peugeot."
Le plus difficile a été de quitter l’aéroport de Genève, car nous n'avions aucun moyen de communiquer avec Laurent ou Lynn. Nous avions fait nos adieux avec Lynn peu de temps auparavant.
En sortant du hall des Arrivées nous sommes très étonnés mais heureux de voir Lynn qui nous avait attendu pendant deux heures quarante cinq debout!
Lynn avait eu des doutes quant à la possibilité de notre départ, et, en effet, après s'être renseignée auprès de l’employée de la M. E. A, ça s'est avéré exact.
"Lynn, Lynn voilà presque 3 heures que tu nous attends, debout, devant la porte, pour ne pas nous rater parmi les passagers arrivant de l’étranger.
Lynn, comment te remercier, tu es notre ange gardien."
Lynn me répond:
"mais je suis la Providence, Sérop. "
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