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29. L'expédition du charter de l’I.P.C. (International Petroleum Company) à Basra (Irak)

Ne croyez pas que travailler dans une compagnie d’Aviation est de tout repos. Il faut se tenir toujours prêt à répondre aux appels. 

Nous nous rappellerons toujours de notre dixième Anniversaire de mariage en 1960. Ce soir-là, nous avions invité nos amis pour célébrer cet événement. Il était 20:00 lorsque le téléphone sonne. C’est Joseph S., le responsable du centre des opérations, qui me demande de me tenir prêt le lendemain à 5:00 du matin, pour une opération dans le désert. Cette opération durerait au moins une semaine.

"Ya Joseph c’est mon anniversaire de mariage, essaie de trouver quelqu’un d’autre".

 "Tous sont en l’air, me répond-il, personne n'est disponible. C’est le commandant Jacques Unvoas, Chef Pilote, qui demande que tu sois sur ce vol".

"J’ai compris, c'est d’accord pour demain."

Jacques Unvoas, me confirme par téléphone le départ, dans le désert Irakien, à la recherche d’un puits de pétrole récemment découvert par des bédouins, et qui se situerait à quelques centaines de kilomètres de la ville de Basra, en Irak. 

Tout était nouveau pour moi. Il fallait tout préparer. C'était un véritable saut dans l’inconnu, 

Le lendemain matin, départ à 5 heures. Nous faisons une escale, à Kleiat, un petit aéroport, peu fréquenté, au nord de Tripoli ( Liban ). 

Notre arrivée avait déjà été annoncée au personnel de l'aéroport.

A Tripoli, la compagnie de pétrole I.P.C, est responsable de la raffinerie.

Des géologues viennent de découvrir un gisement de pétrole en plein désert Iraquien. Personnellement, je ne connais ni le nom du lieu cité, ni le lieu géographique.

"Il vous appartient de découvrir l’emplacement exact dans le désert. Je ne peux pas vous aider avec plus de détails, c’est à vous de le localiser, et de nous renseigner. C'est pour cette raison que nous avons demandé votre aide. Vous atterrirez d’abord à Basra en Irak, où Khalil, un de nos responsables, vous transmettra tous les renseignements dont vous avez besoin." 

Votre mission consiste à localiser le lieu où un petit groupe, avec un chef de mission vous attendent."

Munis de cette maigre information, nous embarquons, contents de savoir que Khalil nous attend à Basra. 

A notre arrivée à Basra, après 3 heures de vol, nous sommes informés que Khalil se trouve à Bagdad (Irak).

Notre destination est un lieu inconnu à l’ouest-sud-ouest de Basra. C’est à nous de le trouver.

Nous faisons le plein de carburant en prévision d’une recherche plus longue que prévu.

Après une heure et demie de vol à basse altitude, durant lequel nous avions tous les trois les yeux braqués au sol. C’est le désert. Absolument rien que du sable à perte de vue… 

Soudain nous voyons des tentes, et des personnes qui nous font des signes…. C’est sûrement le coin que nous cherchons. Nous descendons à basse altitude.

Nous survolons deux fois le camp avant d'atterrir, lorsque nous remarquons des pierres blanches alignées en parallèle, et formant un grand T pour nous indiquer la direction à suivre pour nous poser. Nous sommes attendus.

Nous sommes accueillis comme des sauveurs. Il est midi. Justement le groupe de chercheurs espérait que nous arrivions à cette heure, nous sommes bien à l’heure.

Une dizaine de personnes se trouvaient à l’aéroport pour nous applaudir et nous féliciter d’être arrivés sains et saufs.

Au départ de Tripoli, ce matin, nous étions en uniforme réglementaire de navigants. Une fois dans l’avion, seuls, sans hôtesses, nous avons troqué nos uniformes pour des shorts et des chemises à manches courtes.

Un monsieur Hindou s’approche alors, et nous invite à prendre place dans sa voiture, une De Soto. Il nous explique que Sir….le chef de la mission nous attend dans sa tente personnelle pour le déjeuner.

Cinq minutes plus tard, nous arrivons devant une grande tente, où un garde nous invite à entrer cérémonieusement.

Pour rappel, nous sommes toujours en short et chemise à manches courtes.

A l’intérieur, se dresse une grande table d'un mètre et demi de large, sur deux mètres de long. 

Au bout de la table, est assis un monsieur européen en costume cravate, avec beaucoup d'allure. Derrière lui, est accroché un grand tableau de la reine Elizabeth, à même la toile de la tente.

Est-ce un rêve éveillé?

Peut-être, mais avec nos tenues nous avions honte de nous présenter devant lui.

Devant cette situation, le commandant Unvoas me demande de lui donner un des lacets de mes chaussures. Il l’enroule aussitôt autour de son cou en guise de cravate, et me souffle, à voix basse:

"Entre nous trois et ce monsieur, qui est le plus imbécile?…"

Nous avançons respectueusement. Jacques se présente, et d’un geste très élégant nous présente également au Sir …... Le garde de la porte avance nos chaises et nous sert l'apéritif.

Nous sommes étonnés de cet accueil. Je ne me souviens plus du plat de résistance Nous n’avions pris qu’une tasse de café au départ de Beyrouth. Il faut avouer que la viande était parfaite, et nous avons fait honneur au repas.

Nos lits étaient bien confortables, et nous avions toujours des hindous à notre service. Il nous arrivait parfois de dormir à Bagdad ou Basra, selon les plans de vols de la journée, remis par le responsable, Khalil. Les plans de vol étaient toujours calculés de façon à ne pas dépasser les 9 heures/jour autorisées par les Autorités Internationales de l’Aviation Civile.

Nous n'étions pas stressés, et le moral était au beau fixe. l’I.P.C ne lésinait pas quant à la qualité de l’hébergement ou de la nourriture.

L’après midi a été consacrée aux explications données au responsable, le cap suivi, le nombre d’heures de vol, un topo de la route depuis Basra. etc..

Au bout d’une semaine, nous avions terminé notre travail. Nous repartons pour Kleait dans l'après-midi et nous y débarquons certains fonctionnaires, avant de rejoindre Beyrouth.

Cet incident me rappelle le comportement du chef de mission le premier jour de notre arrivée. C'est celui des équipages de la BOAC ( British Overseas Airlines Company ) actuellement B.A, ( British Airways,) envers leur commandant de bord pendant une pause déjeuner au restaurant.

Il est d'usage que le commandant ne prenne jamais part au déjeuner avec son équipage en mission, mais qu'il mange seul, loin d'eux. A le voir ainsi, seul, on peut se poser deux questions:

S'il s’est fâché avec le reste de l’équipage ou si ce dernier le boycotte.

Jacques Unvoas, m’éclaire sur ce point:

"Ni l’un ni l’autre, mon cher Sérop. A la B. O. A. C., le commandant doit être toujours respecté." 

La vanité ignore la médiocrité

Mais heureusement, le ridicule ne tue pas.

Mercredi prochain… La B.M.W de Laurent est en panne.

Joyeux Anniversaire Alain

Le Légendaire et l’élégant pilote de toujours. De Papa et Maman

Comments

  1. Cher Serop,
    29 épisodes, quel marathon ! Et encore une aventure incroyable digne de Lawrence d'Arabie.
    IPC, Pétrole en Iraq : Mossoul au Nord, Basra au Sud : ça réveille des souvenirs... un arménien pense tout de suite "Calouste Gulbenkian", surnommé monsieur 5% (justement propriétaire de 5% de l'IPC) dont le père (visionnaire ?) disait parait-il : ne regarde pas en-haut, regarde en bas !.
    Gulbenkian grand philanthrope, grâce à sa fondation - j'en ai moi-même profité durant mes études - continue à rayonner au niveau international à partir de Lisbonne(??), spécialement au niveau artistique (il a par exemple son propre orchestre symphonique permanent).
    Affectueusement.

    ReplyDelete
  2. Oui. La fondation Gulbenkian est bien basée à Lisbonne. La flûtiste solo de l’orchestre confiait sa flûte à Allain pour l’entretien et les réparations usuelles.
    Ça me faisait toujours un drôle d’effet quand je la voyais arriver en pensant à ce légendaire monsieur 5% dont Papa nous avait souvent parlé.

    ReplyDelete

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