Nous sommes en Janvier 1971.
Une amie secrétaire dans une compagnie de voyages organisés et son mari, avaient participé peu de temps auparavant, à une croisière organisée par Alitalia destinée au personnel des tour opérateurs dans le monde. Cette amie nous conseille de présenter une demande à ladite compagnie, pour notre candidature à la prochaine croisière prévue dans six mois. Pourquoi pas ?
C'était une occasion unique qui ne se représenterait pas.
Le lendemain, je me présente au bureau d'Alitalia à Beyrouth et je fais état de mes qualifications: Pilote, Radio Navigateur, actuellement instructeur au Civil Aviation Safety Centre, à Beyrouth, organisme rattaché à l’OACI ( Organisation de l’Aviation Civile Internationale ), basée à l’ONU à Montréal.
Ayant reçu leur accord pour notre participation, je règle aussitôt les 400 $, pour Evelyne et moi même, représentant le prix de 12 jours de croisière en Thaïlande, aux Philippines, à Hong Kong et au Japon.
En cas de désistement de notre part, une pénalité de 15 $ serait appliquée.
Nous commençons à contacter les consulats des quatre pays à visiter pour l’obtention de visas, ainsi que celui de l'Italie, point de départ de la croisière.
Au bureau, les quinze jours de congés que j'avais posés, me sont accordés
Dès l’accord du projet de Sunshine Holidays avec Alitalia six mois auparavant, j’avais envoyé deux lettres, l'une à Manille, et l'autre à Hong Kong, à deux de mes anciens étudiants qui avaient suivi des cours avec moi, au Safety Centre, les informant de mon projet du tour Extrême Oriental, en leur précisant la date ainsi que le n° de vol d'Alitalia,
Par ailleurs, Jean Pierre Rampal, ayant appris notre passage au Japon, m’avait recommandé de faire l’acquisition d’une flûte, à l’intention de ma fille Jocelyne, auprès d'une célèbre manufacture de flûte japonaises haut de gamme, à Tokyo.
Une semaine avant le grand jour, je passe chez Alitalia, juste pour les informer que nous étions prêts, et obtenir la confirmation du vol.
La secrétaire, très mal à l’aise, m’annonce alors que la croisière était uniquement réservée aux agents touristiques qualifiés. Ne faisant pas partie de cette catégorie, il nous était par conséquent impossible d’y participer.
Je m’énerve et me fâche. Pourquoi ne pas nous en avoir informé plus tôt, et éviter ainsi d'avoir dépensé inutilement le prix des visas, et surtout les dispositions prises envers ma direction etc..
Je demande à voir immédiatement le directeur (Italien), à qui j’explique la situation, en disant bien que c'est inadmissible d'apprendre cela, surtout la veille du départ, et que l’erreur ne venait pas de notre part etc.
Après plusieurs explications, le directeur se tourne vers sa secrétaire qui confirme mes propos. Il se lève en s’excusant, me souhaite bon voyage et demande à sa secrétaire de me remettre les deux billets.
Le 14 Février 1971 à 10:00, à bord d’un avion 707 d'Alitalia, Evelyne et moi, en première classe, nous quittons Beyrouth à destination de Rome, point de rencontre de tous les passagers prévus pour ce vol historique (pour nous)
Dans le salon de l’aéroport de Fiumicino, nous faisons la connaissance des 20 couples participant comme nous, à cette grande traversée inoubliable.
À 18.00, le départ de la grande aventure commence. Nous sommes 20 couples(des français, des belges, des canadiens, des sud africains, des brésiliens etc.) Ils sont tous directeurs ou responsables de différentes compagnies touristiques dans le monde.
Première étape: Bangkok. Nous avons droit à une grande réception dans un hôtel 4 étoiles, avec du champagne. (nous serons reçus de la même façon à toutes les autres escales.)
Le soir de notre arrivée, grande soirée, dîner au champagne, orchestre, tenue de rigueur exigée, (heureusement que nous en avions été informés ).
Le lendemain, nous visitons le centre ville, les monuments historiques, ainsi qu'une excursion en forêt à dos d'éléphant etc.
Le surlendemain, c’est le tour de Manille aux Philippines.
Arrivés à Manille, dès que la porte de l’avion s'ouvre, j'entends : "Signor Séraphino". Tous les passagers sont debout, ils nous laissent passer jusqu’à la porte.
Je suis très étonné de voir au pied de l’escalier quatre musiciens, en tenue traditionnelle, avec leurs instruments de musique qui nous souhaitent la Bienvenue à Evelyne et moi, de la part du directeur de l’aéroport. Ils nous passent un collier de fleurs autour du cou. Au bas des escaliers nous sommes reçus par le directeur de l’aéroport en personne,(lequel a été mon étudiant pour des cours de direction d’aéroport au Safety Centre, à Beyrouth, durant six mois en 1967)
A Manille, réception au champagne à l’hôtel. Le lendemain nous visitons la ville. (malheureusement, ces villes asiatiques ont perdu leur authenticité, en voulant se moderniser et ressembler aux villes européennes). Le guide nous conseille d'aller plutôt découvrir la grande forêt. Nous en garderons un souvenir inoubliable. Nous l'avons parcourue dans une barque, entourés de grandes cascades, et d'animaux inconnus, irréels.
La soirée très "in", avec musiques de danses modernes et anciennes (valse, tangos etc.) Nous faisons connaissance approfondie avec les heureux élus.
Le réveil fut difficile le lendemain pour monter à bord de l’avion d'Alitalia en provenance de Bangkok.
Troisième étape: Hong Kong. Même réception à l’aéroport de la part du sous directeur de l’aéroport ayant été lui aussi un de mes étudiants au Safety Centre en 1967. Mais cette fois sans le collier de fleurs. Il se met à notre service dans sa petite Golf, pour parcourir la ville et nous conseiller pour les achats de cadeaux (calculatrices, transistors, appareils high-tech nouvellement créés etc..).
Hong Kong est un petit pays, mais quelle vitalité! Nous étions perdus. Les habitants ne marchaient pas, ils couraient.
Et pour finir: Tokyo: Une grande ville moderne. Ce sera le terminus de ce périple dont nous garderons un souvenir inoubliable. Nous étions logés à l'Hôtel Imperial. Nous nous sommes rendus à la manufacture de flûtes haut de gamme : Muramatsu, où nous attendait une flûte en argent pour Jocelyne. Flûte achetée sur les conseils de son professeur de l'époque : Alain Marion.
C'est en TGV, récemment mis en service le "bullet train,"( vitesse de pointe de 250 Km/h )que nous nous rendons à Nara et Kyoto, deux villes typiquement japonaises, avec leurs jardins féeriques. et les divers animaux attendant qu'on les nourrisse.
La veille de notre départ de Tokyo, le guide italien, Giuseppe, nous informe que les valises doivent être placées le lendemain matin devant la porte de notre chambre. Nous les retrouverons à l’aéroport.
Le lendemain matin, au petit déjeuner, Giuseppe nous a mis en garde en disant que la loi était très sévère au Japon pour les personnes ayant pris des objets dans la chambre d'hôtel, et qu'ils risquaient de ne pas pouvoir prendre l'avion.
Je regarde Evelyne, et lui dis: "nous allons remonter discrètement dans nos chambres et remettre les kimonos à leur place, ni vu, ni connu". Au moment où nous allions nous lever, nous avons vu que tout le groupe s'était levé en même temps. Nous n'avions pas été les seuls à avoir eu la même idée.
Ouf. Nous étions sauvés. Dans le couloir de notre chambre, 20 couples, étaient à genoux devant leur valise, retirant l’objet volé. J'ai regretté de ne pas avoir mon appareil photo.
L’honneur était sauf.
Le retour s'est effectué via Auckland, le pôle Nord,(-50°C), puis la Norvège, la Suède, et enfin, Rome.
Le lendemain de notre arrivée en Italie, un avion Alitalia, nous a ramenés à Beyrouth. Nous étions heureux d’avoir pu participer à cette croisière ( incroyable ), pour 400 $. (Nous regrettons seulement les kimonos.)
Amo Serop...cok guzel bir hatira. Sag ol bizlerle paylasdigini!
ReplyDeleteSuper😃
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