Notre 50ème anniversaire de mariage
Le 22 Octobre 2000, nous nous trouvons à Annecy (c'était devenu une tradition), avec toute la famille. Nous étions heureux de nous retrouver tous sur la terrasse , admirant le paysage grandiose. Il faut dire que la maison de Lynn et Laurent offre une vue imprenable sur le lac d'Annecy et les montagnes environnantes.
Des parapentes, décollent de la montagne face à la maison et passent au-dessus de nos têtes. C’est féérique.
Dans l'après-midi, Laurent nous propose de faire une balade dans son bateau sur le lac.
Nous nous dirigeons vers Talloires, qui se trouve sur la rive opposée, de l'autre côté du lac.
A Talloires, nous sommes accueillis à l'hôtel 4 étoiles : "l'Abbaye de Talloires". C'est avec un grand sourire, que Lynn et Laurent nous annoncent qu’une chambre a été réservée à notre nom, à l’occasion de notre 50ème anniversaire de mariage.
Après avoir pris un thé ensemble, nous nous retrouvons tous les deux (on se serait pris presque pour des nouveaux mariés).
Le lendemain, au petit déjeuner servi sur la terrasse, face au lac d’Annecy, nous voyons arriver toute la smala dans le bateau conduit par Laurent.
C’est une invasion.
Tous les enfants nous embrassent et veulent partager notre petit déjeuner.
A midi, nous sommes invités au restaurant des Aravis, au col des Aravis ( à 1750 mètres d'altitude)
Quel bonheur que d’être entourés par les cris, les chahuts des gosses, tous parlant en même temps, avec exubérance et bonheur d'être ensemble.
Que nous réservera le 60ème anniversaire de mariage?
Je me souviens…( année 1925 ? )
J’avais 3 ou 4 ans, je vois arriver à la maison trois hommes bardés de fil blanc torsadé enroulés autour de leur corps, de fil assez gros, également un trépied. Une fois leur barda posé au sol, ils ont commencé à attacher aux murs, aux plafonds, dans toutes les chambres de ces fils, à la cuisine, au salon, à la toilette... au bout de chaque fil il y avait un gros bouton, avec une boule en verre et un bouton. Une fois pressée sur le bouton, la boule posée au bout de fil s’allumait. Les ouvriers ont insisté pour ne jamais toucher les fils, que c’était très dangereux.
Notre joie était immense.
C’était le début du courant électrique. ( année 1925 ? )
Je me souviens…
On allumait des lampes à pétrole, dès que le soleil se couchait. Oui, nous n’avions pas de chauffage électrique, Le chauffage était assuré par le charbon mis sur un mangual. La cuisine se faisait au chauffage du charbon. Nous prenions nos bains, 2 fois par semaine, dans un hammam, les jours réservés aux hommes.
Nous n’avions pas de personnel à la maison. Une fois par semaine une femme venait faire la grande lessive des linges.
Arrivée de bonne heure ou ayant passée la nuit chez nous pour commencer tôt , vers 5 heures du matin, L’eau chaude se préparait sur un primus, sur lequel un grand ténéké d’eau était placé.
Le linge devait être essoré, ensuite étendu à la terrasse.
C’était un va et vient entre la maison et la terrasse. Une fois séchés, de nouveau le va et vient avec la terrasse recommençait ( ce n’était pas du jeu ).
Pour couronner la journée, le repassage des chemises, des pantalons etc.. Il n’y avait ni blanchisserie ni teinturerie. Le repassage se faisait à la maison avec un fer à repasser où on avait mis du charbon ardent.
Ni télécommandes, ni micro-ondes, ni radio, ni télé etc… RIEN et jamais de rouspétances
Nos devoirs de classe se faisaient à toute vitesse à la lumière du jour, suivis d’une lampe à pétrole pour pouvoir terminer nos devoirs.
On lisait beaucoup, à la maison, nous étions des concurrents à papa au jeu d'échecs. Les cinémas n’avaient pas encore commencé.
Un bonhomme se promenait avec une grande boîte, portant sur son dos, incrustée de petits trous en série sur le dos, Le bonhomme tournait la manivelle,
On collait nos yeux sur un des trous, à travers lesquels on assistait à une série de photos, et parfois il y avait de la musique, pour un prix de 2 piastres. Papa demandait au bonhomme de monter au palier du premier étage. C’était notre cinéma. Maman préparait du café au type et du chocolat à nous tous. Nous étions contents. ( histoire à ne pas croire et pourtant le palier était notre cinéma. ) les commentaires ne cessaient pas, car chacun devait donner son opinion. On n’était pas exigeant.
J’aimerais entendre quelqu’un de la famille ou ami, ayant vécu ce moment magique.
Je me souviens…
Un dimanche, nous avons été obligés de ne pas quitter la maison. Trois personnes sont venues avec de gros cahiers, vers 11 heures du matin. Ils ont demandé à papa le nombre de personnes, y compris les enfants, habitant l’appartement. C’était en 1930, le recensement de toute la population du Liban. Quelques mois plus tard, papa nous a dit que nous étions 4,000.000 de libanais.
Nous n’avons pas augmenté depuis nous sommes restés 4,000.000.
Le nombre d’habitants dans le monde était à l’époque ( 1930) 2,7 milliards.
En 2020 le nombre est de 7,7 milliards. Nous au Liban, on n’aime pas changer, comme le gouvernement, on est resté 4 millions.
Il n’y avait pas d’eau courante dans les maisons. Je me rappelle qu’il fallait la prendre dans les fontaines. Cette eau servait pour la boisson, à la cuisine, pour laver le couvert des assiettes, les cuillères , ( et les toilettes ) etc.
Pour les déplacements, on prenait les arabas à deux chevaux, j’aimais bien m’asseoir près du conducteur. Les routes devaient être souvent balayées des excréments des chevaux.
Les tramways circulaient dans tous les grands quartiers. C’était pratique et très bon marché, prix unique de 5 piastres.
Je me souviens, ( avant 1940 )
Tous les voyages à l’étranger se faisaient à bord des grands bateaux. L’aviation commerciale n’existait pas.
A Beyrouth, Il n’y avait pas de port, les gros bateaux s’arrêtaient au large, ne pouvant pas accoster, on débarquait dans des barques avec nos valises pour arriver au port. ( quai ) où la famille nous attendait. La douane, la sûreté, de simples formalités.
Dehors les arabas nous attendaient, et nous voilà en pleine ville, heureux de retrouver nos amis. D’autres écoutaient ; on ne s’entendait pas, mais il y avait de l’amour.
On voulait boire de l’eau, apportée de la source. Quand la température était très chaude, on achetait des blocs de glace. Dans tous les quartiers, une petite bicoque vendait des blocs de glace, que l’on posait sur un tuyau serpentin sur une petite place créée dans une armoire le haut destiné pour la glace.
Ce qui restait du repas du soir, on le mettait dans un panier et on l’accrochait avec du fil à la fenêtre où la température était plus clémente.
Je me souviens…
L’été, il faisait très chaud et humide à Beyrouth. On ne possédait pas d ' « air conditionnés », On était obligé d’aller à la montagne, en villégiature. On embarquait tout sur le toit du taxi, les matelas, la batterie de cuisine, les villageois louaient leur maison, nue, pour trois mois.
Les papas venaient nous rendre visite en taxis, ( Très rares de voitures privées ) seulement les samedis, parce que les villages étaient loin, Sofar, Dhour choueir etc… Là aussi, ni électricité, ni eau courante, la même aventure qu’en ville, l’eau potable n’existait pas à la maison …Il fallait aller à la source.
Je me souviens…
A Beyrouth nous habitions au troisième étage, plus de 70 marches. Papa se plaignait un peu en l'utilisant une fois par jour car l'ascenseur n’existait pas.
Le second mois avec Air Liban, je pouvais acheter un frigidaire et tous les appareils domestique
Puis petit à petit, la chaufferette, le fer à repasser... et tous les appareils domestiques
C’était une seconde vie avec tous ces nouveaux appareils
Je me souviens…
Les mariages étaient un événement.
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ReplyDeleteQue de souvenirs indélébiles et quel parcours pour quelqu'un qui allumait des lampes à pétrole et qui finit par écrire des e-mails sur un ordinateur. Il ne suffit pas de vivre longtemps mais de s'adapter à son temps. Chapeau oncle Serop.
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