Skip to main content

3. L’assassinat de Rafic Hariri - Baabdat La guerre 1975 - Sandy

L’assassinat de Rafic Hariri ( 14 février 2005 )

Ce jour-là nous avions l’intention d’acquérir une chaufferette à Beyrouth.

Avant d'aller au magasin qui vendait cette chaufferette, je voulais admirer la montgolfière qui se trouvait depuis deux jours dans la rade de l’Hôtel St. Georges.

Avec Evelyne nous nous trouvons vers 10 heures sur l’avenue Foch, face à la mer. Au bout de l’avenue, à l’intersection je stoppe au feu rouge...

Je dois normalement tourner à gauche en direction de l’hôtel St. Georges.

Le feu passe au vert. Suite à un moment d’inattention, je prends à droite et me dirige vers le quartier de Bourj Hammoud.

JE ME SUIS TOUJOURS DEMANDÉ: "QUI M’A POUSSÉ À PRENDRE CETTE DIRECTION?"

C’était une erreur, car la Montgolfière se trouvant à gauche il fallait que je me dirige à gauche. Je m’étais trompé de direction.

Nous continuons jusqu’à Bourj Hammoud et nous arrêtons devant le magasin de Agha Sarkissian pour acheter la chaufferette.

Nous remarquons alors que tout le personnel était figé devant la télé, qui retransmettait en direct l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri.

Si j’avais pris à gauche à l’intersection de l’avenue Foch, et de la route maritime, et si j’avais maintenu mon idée d’aller voir la montgolfière, je n’aurais pas eu l’occasion de vous écrire aujourd’hui.

Baabdat -  La guerre  1975

Nous sommes au début de la guerre, Il est 18 heures, les clients se faisant rares, je décide de fermer la librairie et de rentrer.

Nos trois enfants sont en France. Nous décidons alors de passer deux jours chez ma belle-sœur Jacqueline à Baabdat. Nous en profitons pour déménager quelques affaires précieuses, afin de les garder chez elle en lieu sûr.

Je prends un premier paquet volumineux, et descends les deux étages. Je le dépose dans la Mercedes, puis je remonte.

Nous habitions au deuxième étage . Un palier séparait les deux étages.

Je remonte pour ramener le reste. Je prends un autre paquet et décide de ne pas descendre directement jusqu’à la voiture, mais de le poser sur le palier entre les deux étages.

Je me demande encore aujourd’hui pourquoi j'avais pris cette décision.

En remontant à l’appartement, j’entends un bruit assourdissant. Une bombe venait d’exploser dans le quartier.

Je grimpe à toute vitesse en criant que tout va bien afin de rassurer Evelyne qui devait m’imaginer déchiqueté près de la voiture.

Nous attendons un petit moment et nous descendons pour ranger le restant des paquets.

Nous voilà dans la voiture, prêts à démarrer. C’est alors que nous remarquons que l’arbre du jardin des curés ( à 25 mètres de l’immeuble) est calciné à cause de la bombe qui vient de tomber.

La voisine du 1er étage, à sa fenêtre, nous souhaite bon voyage.

Deux jours plus tard nous revenons à Beyrouth. La voisine est toujours à la fenêtre. Elle nous apprend qu’après notre départ, l’avant veille, une voiture rouge est venue se garer à notre place. Une demi- heure plus tard, elle avait été pulvérisée par une autre bombe.

Un cache-cache dramatique. Je suis très heureux aujourd’hui d’y avoir échappé, mais jusqu’à quand ?

Sandy

Un beau jour, Alain vient nous voir avec un paquet cadeau: C'était un petit chiot couleur auburn.

Un setter irlandais.

On lui souhaite bonne arrivée. Nous ne soupçonnions pas ce que ce petit chien allait nous réserver.

En effet, ce chien appartient à Alain.

Il est censé s'en occuper et en prendre soin.: Le laver, le nourrir, etc...

Facile à dire, mais difficile de voir Alain le réaliser avec ses vols et son peu de présence à la maison.

Moralité de l'histoire : Vous avez dû deviner : C'était à nous de nous en occuper.

Ce qui devait arriver arriva : Evelyne et moi sommes tombés amoureux de cette chienne. Intelligente, perspicace et aimante, d'une façon incroyable.

Nous avons essayé de la dresser. Elle nous obéissait.

Dès le début, nous lui avons fait comprendre qu'il lui était interdit de rentrer dans notre chambre à coucher.

Je ne sais par quel mystère, elle a tout de suite compris ce qu'on attendait d'elle.

La preuve:

Tous les dimanches, nous avions l'habitude d'aller marcher avec le groupe des marcheurs. En compagnie de Sandy.

Tous les dimanches, à 6:00 du matin, Sandy se tenait prête à côté de mon lit, avec entre ses dents mes bottes de marche, souriante et la queue en mouvement.

Les enfants étant à l'étranger pour leurs études, elle a rempli notre existence.

Durant la guerre, Maman devait se rendre à un rendez-vous avec le médecin à Paris.

Les routes étaient fermées. La seule façon de parvenir à l'aéroport, était de s'y rendre par la montagne.

Le gros problème qui se posait était de trouver quelqu'un qui voulait bien garder Sandy.

J'appelle le propriétaire du supermarché, lui demandant s'il connaissait quelqu'un.

A ma grande satisfaction, il me répond que son voisin serait heureux de s'occuper de Sandy.

Celui-ci vient nous voir de suite. C'était un ancien général de l'armée à la retraite.

Quand il s'avance vers moi, il me dit qu'il connaît déjà Sandy, car il a lui aussi un setter irlandais et qu'il voudrait l'accoupler à Sandy.

Je lui donne mon accord, et lui propose de payer pour la nourriture.

Il refuse.

Il demande seulement de garder les chiots.

Nous avons ainsi pu prendre l'avion le lendemain matin.

Trois mois plus tard, je rentre au Liban. Je vais voir le général qui avait gardé de Sandy.

Quand je sonne, le général vient m'accueillir avec ses trois garçons, et tous commencent à pleurer en me voyant.

Après notre départ, il y avait eu une alerte:" mes chiens se sont cachés sous l'escalier, et une bombe les a tués tous les deux. Sandy était enceinte."

Et voilà comment Sandy est montée au ciel des animaux.

Mercredi prochain: Notre Anniversaire de mariage de 50 ans

Comments


  1. Rose-Marie Delyfer Jalkh

    Chère cousine,
    Je voudrais ajouter qu’en plus de la carte de visite de mon grand-père imprimée à Adana, mon père Antoine ayant vecu de nombreuses années en France, a veillé à ce que le nom Delyfer figure sur le passeport de tous les membres de la famille.
    Au plaisir de se revoir bientôt.

    ReplyDelete
  2. Cher tonton serop, les petites histoires de survie de la guerre sont un trait commun à nous tous qui l'avions vécue et qui sommes encore là, grâce à dieu et aux nombreux anges gardiens qu'il a dû faire travailler en heures supplémentaires... je me demande tjs comment vous et mes parents avaient pu vivre cette période et avec nous , les enfants.
    L'histoire de sandy nous avait touchée beaucoup, je me souviens que nos parents nous ont annoncé, bien des années plus tard qu'elle était partie avec une bombe, elle qui était tellement terrorisée à chaque bombardement . Mais pour nous, sandy était le premier chien que nous avons connu en famille, et nous avons passé des moments de jeu et calins inoubliables, alimentant notre insouscience d'enfants, même en pleine guerre.

    ReplyDelete

Post a Comment

Popular posts from this blog

78. TEMOIGNAGES DE NOS LECTEURS

"Merci cher Tonton de ces magnifiques témoignages et souvenirs. Je me souviens de vos week-ends à Baabdat chez nous aux temps heureux . Je me souviens de la librairie où je venais découvrir les livres. Je me souviens des pique-niques au retour du ski dans les montagnes généreuses du Liban que tu as su si bien décrire. Sais-tu qu’avec ton patronyme DELIFER on peut faire une belle anagramme ? Oui, nous avons vu DEFILER les souvenirs heureux ou tristes qui resteront dans nos cœurs." Monique et Jean-François Devedjian-Patin

76. HORS SERIE - Sérop Delifer, un siècle d’histoire(s) libanaise(s) [extrait de L'Orient-Le Jour]

Caroline HAYEK, journaliste au journal L'Orient-Le Jour, a découvert par hasard ce blog lors de recherches sur internet. Les nombreux récits ont inspiré la journaliste qui a entrepris d'écrire un article centré sur le plus ancien lecteur du journal. Elle s'est empressée d'entrer en contact avec Sérop pour organiser un entretien chez lui. L'article est paru lundi 26 juin 2022 , en voilà le contenu. PORTRAIT Sérop Delifer, un siècle d’histoire(s) libanaise(s) « L’Orient-Le Jour » est allé à la rencontre de son plus ancien lecteur. Caroline HAYEK Le 8 juillet 1924, les premiers feuillets du nouveau journal L’Orient sortent tout chauds des rotatives d’une imprimerie beyrouthine. À 22 ans, Georges Naccache, son cofondateur et rédacteur en chef, mue par sa passion pour l’écriture et la langue de Molière, est pressé de décrypter le nouvel ordre régional né de la chute de l’Empire ottoman, mais aussi de raconter ce « beau désordre » qu’est le Liban. « Nous vous proposons se

77. La robe de baptême

Nous sommes en 1925. Sitt Nazira Kasparian, la maman d'Evelyne, est assise dans la cour de la maison, et rêve en apportant la dernière touche à une robe en satin blanc qui servira de robe de baptême. Un garçon ? Une fille ? Peu importe, pourvu que le bébé soit en bonne santé.  Sa naissance est imminente.  « Il faut que je me dépêche de terminer cette robe. Je veux qu'elle soit prête à temps afin que tous les invités puissent l'admirer lors du grand jour » pense t-elle. La sage femme est formelle, l’arrivée tant attendue est prévue dans une semaine. « C'est une fille !  Elle s’appellera Evelyne, et cette robe que j’ai cousue avec tant d'amour lui ira à merveille pour célébrer son baptême » jubile sitt Nazira. Evelyne gardera précieusement cette robe pendant des années. Celle-ci servira lors des baptêmes de plusieurs générations de bébés de la famille. Nous sommes en 2022, le 25 février, Evelyne vient d’apprendre la naissance de la petite Max, fille d’Alicia et de F